L’artiste anglais Glenn Brown (né en 1966) est l’un des plus décrié de sa génération. En effet, pour un artiste dont l’arme principale est la déformation, Brown a lui-même été grossièrement déformé en tant que peintre et créateur. Dénoncé pour plagiat pour son œuvre The Loves of Sheperds exposée dans le cadre du prix Turner 2000, prix qu’il remporta et qui partait de l’illustration du titre d’un livre de science-fiction, Brown s’est vu accusé du contraire de ses intentions artistiques. Son appropriation d’autres peintures, qu’il s’agisse d’artistes comme Rembrandt, Dali (You Take my Place in This Showdown) ou Fragonard (Senile Youth), ou d’illustrateurs de science-fiction comme Anthony Roberts (lequel est allé jusqu’à intenter un procès à l’artiste à propos des droits d’auteur), ne doit pas être comprise comme une simple imitation, mais comme l’outil de son propre jeu pictural, jeu de déconstruction et de détournement.

           Toujours réalisés à partir de cartes postales et non de l’original, des échantillons d’art « noble » ou « trivial » y sont agrandis, déformés, étirés voire aplatis en une symphonie de rouge, de blanc et de bleu. Brown prône l’enlaidissement artistique en introduisant le jeu et l’humour dans son œuvre. L’humour se ressent également dans ses titres : The Loves of Sherperds, thème qui évoque les idylles pastorales du XIXe siècle est ici appliqué à la conquête spatiale. Glenn Brown se décrit lui-même comme un Arcimboldo qui puiserait ses éléments dans l’Histoire de l’Art et dont les héros et ses œuvres peuvent être des artistes consacrés, des petits maîtres, des anonymes . L’artiste nous fait réfléchir sur la question d’original et de reproduction faisant appel à nos connaissances iconophiles ou iconoclastes. Il est principalement exposé à Londres mais figure aussi au Centre Pompidou, à Paris.